© archives du monastère Nossa Senhora da Paz.Photo: Renato Ramalho


N. Raymond Jésus, Lectio divina, Cláudio Pastro. Ed St Léger. 2020

Cláudio Pastro : Eléments biographiques.


sources : Entretiens avec C. Pastro, réalisés par Dra. Wilma Steagall De Tommaso et publiés dans O cristo pantocrator, da origem às igrejas no Brasil, na obra de Cláudio Pastro. Ed. Paulus. 2017.


Les origines

Cláudio Pastro est né le 15 octobre 1948 à São Paulo dans une famille catholique. Ses grands-parents étaient Européens, espagnols du côté de sa mère, français et italien (d’où son nom de famille) du côté de son père. Très jeune, il commençait déjà à dessiner. Son talent a été encouragé par les sœurs de l’Assomption (congrégation française) dont le monastère se trouvait tout près de la maison familiale. La Mère Marie Charles de Saint Benoît, notamment, a joué un rôle essentiel dans sa formation spirituelle et artistique. Pourtant, malgré son grand désir d’étudier les Beaux Arts, ses parents ne pouvant financer ses études, il s’est inscrit en Sciences sociales à l’université catholique de São Paulo (PUC) dont il est sorti diplômé en 1972. Dès 1975, il a commencé à se former à l’art sacré en suivant différents cours de théologie et de technique à l'Abbaye Notre Dame de Tournay (France), au Musée d'Art Sacré de Catalogne (Espagne), à l'Académie des Beaux-Arts Lorenzo de Viterbo (Italie), à Abbaye bénédictine de Tepeyac (Mexique) et au Lycée des Arts et Métiers de São Paulo. 


Un grand nombre d’œuvres variées

Ayant noué des liens d’amitié spirituelle très forts avec la première abbesse du monastère Nossa Senhora da Paz d’Itapecerica da Serra (SP), Madre Dorotéia Rondon Amarante, artiste elle aussi, Cláudio Pastro s’est vu confier l’aménagement intérieur de la première église du monastère en 1978. Puis a suivi la fresque «A História da Salvação» dansl’église São Bento de Morumbi (São Paulo) et rapidement les demandes ont afflué, signe de la reconnaissance de son travail dès cette époque. Son art sacré s’est déployé de différentes manières, sur différents supports. C’est ainsi qu’il a réalisé: peintures (fresques, peintures sur bois, sur béton etc…) vitraux, céramiques, sculptures, mobilier liturgique, autels, croix, tabernacles, ornements de vêtements liturgiques, objets liturgiques (par exemple ceux que le pape François a utilisés pour célébrer à Aparecida et aux JMJ de Rio de Janeiro, en 2013). Tout cela pour des presbytères, chapelles, églises, monastères et cathédrales, non seulement au Brésil, mais aussi en Argentine, en Belgique, en Italie, en Allemagne et au Portugal. Au total, environ 350 églises portent la marque de Cláudio Pastro, notamment dans l’organisation de l’espace sacré post-Vatican II. Par ailleurs, il a illustré plusieurs ouvrages et a lui même publié plusieurs livres : Arte sacra: o espaço sagrado hoje (Loyola, 1993), Guia do espaço sagrado (Loyola, 1999), O Deus da beleza (Paulinas, 2008), A arte no cristianismo (Paulus, 2010) e Imagens do invisível (Loyola, 2013). Il a enseigné l'art sacré dans plusieurs institutions du Brésil.

Mais son œuvre la plus importante est celle réalisée au Sanctuaire marial de l’Aparecida dont il devient, en 2001, le seul artiste titulaire, responsable de toute la conception artistique intérieure. Jusqu’à sa mort le 19 octobre 2016, il aura travaillé sans relâche (malgré une santé fragile) à faire de ce grand sanctuaire national une œuvre artistique à destination de l’évangélisation des peuples. La partie centrale autour de l’autel et le dôme célèbrent la diversité du Brésil et le cycle de la vie, dans une action de grâce au Dieu Créateur de toute Vie, tandis que différents panneaux latéraux rappellent l’histoire du Salut, le rôle qu’y ont tenu les femmes, l’histoire chrétienne du Brésil et bien sûr tout ce qui entoure cette petite statuette de la Vierge retrouvée par des pêcheurs en 1717 dans le rio Paraíba do Sul, devenue sainte patronne du Brésil, à qui est consacrée la Basilique : Nossa Senhora Aparecida. L’esthétique intérieure de cette basilique (où tout a un sens spirituel profond), et toutes ses œuvres, font de Cláudio Pastro l’un des plus grands artistes sacrés de ce temps.


Des liens constants avec le monde bénédictin et l’impact du Concile Vatican II.

Depuis sa fréquentation du couvent des sœurs de l’Assomption jusqu’à son décès (il repose au monastère des moniales d’Itapecerica) en passant par son oblature en 2004, Cláudio Pastro a toujours été très proche de la vie religieuse et en particulier du monde bénédictin. Il avoue même s’être posé la question d’une vocation monastique avant d’entrer à l’Université. Même s’il a aussi beaucoup fréquenté le mouvement italien «Communion et Libération» et s’est intéressé à la liturgie et à l’art des Eglises orientales (notamment l’iconographie), c’est avant tout dans le monde bénédictin, à travers de multiples rencontres, qu’il s’est formé et ressourcé: la liturgie, le chant, la recherche du Beau, l’étude et la contemplation de la Parole de Dieu, des Pères de l’Eglise, le silence, le dépouillement mais aussi le travail manuel, tout ce qui caractérise la vie bénédictine correspondait parfaitement à sa nature et constituait un point d’ancrage et de ressourcement essentiel à toute son œuvre. Enfin, le Concile Vatican II a toujours été pour lui, une autre source majeure d’inspiration et de réflexion, tant pour sa vision de l’organisation de l’espace sacré que pour ses choix artistiques : «Depuis le Concile Vatican II, Cláudio Pastro utilise son œuvre pour exalter la figure du Christ (…). Le Concile Vatican II étant œcuménique, le sens du sacré (que l'Église avait perdu) a été récupéré, et l’art est redevenu langue du Mystère». C’est cette langue du Mystère, qui touche le cœur de l’homme, que Cláudio Pastro maîtrise admirablement dans son art. 


N. Raymond Jésus, Lectio divina, Claudio Pastro. Ed St Léger. 2020.